Voyage en Orient - Cartier et les arts de l'Islam

Panneau de revêtement, Iran, fin XIV-XVème, mosaïque de céramique, coll. musée du Louvre, Paris ©artetdecouvertesbyanna

Les arts de l'Islam ont toujours fasciné le monde occidental. Et cela depuis des siècles. Les peintres ont souvent représenté le monde islamique, offrant ainsi une vision de fastes et de couleurs de ces nouveaux pays. Les maisons de joaillerie se sont elles aussi accaparées leurs motifs floraux et géométriques. Parmi elles, nous pouvons citer la maison Cartier. Dirigée à l'époque par Louis Cartier, elle s'est développée au travers d'un assemblage de motifs et de créations inspirés des thèmes de l'Islam. Cette vision enchantée des Mille et Une Nuits envoûte les populations occidentales qui se parent de bijoux tous plus somptueux les uns que les autres. Aujourd'hui, le Musée des Arts Décoratifs et la maison Cartier présentent ensemble un véritable trésor de bijoux et d'objets d'art, l'exposition Cartier et les arts de l'Islam. 

En arrivant devant le Musée des Arts Décoratifs, j'ai été très surprise par le monde qui attendait devant. L'exposition est ouverte depuis le 21 octobre et pourtant il y a une grande affluence. Mais heureusement, cette foule se dissipe rapidement dans les grandes salles du musée. L'entrée de l'exposition se fait après la montée d'un grand escalier donnant directement sur le début de la visite. 

Miroir, Turquie, vers 1750-1800, bois, nacre, écailles, ivoire, papier, perles de corail, coll. Musée du Louvre, Paris ©artetdecouvertesbyanna

Celle-ci commence avec la présentation d'objets du quotidien. Des coffres, des tableaux, des miroirs et des vases posent les bases de l'art islamique. J'observe la beauté de ces objets, les formes géométriques qui les ornent ainsi que les matières utilisées pour les décorer. On y trouve de l'ivoire, du bois, de la nacre, des perles, des faïences... Le tout parfaitement assemblé comme un puzzle de pièces minuscules. Je trouve cela vraiment superbe. 

Etudes de motifs décoratifs arabes, Cartier Paris, vers 1910, crayons sur papier transparent, archives Cartier Paris ©artetdecouvertesbyanna

Dans les premières salles, on peut découvrir de magnifiques planches qui recensent de nombreux motifs orientaux et, juste à coté, une planche d'idées de Louis Cartier.  Je peux donc voir avec précision comment le joaillier s'est inspiré des motifs ornementaux de ces pays d'orient pour créer ses propres pièces. Les sources d'inspiration proviennent de toutes sortes de supports. Il peut s'agir de livres, d'architecture, de manuscrits, d'objets du quotidien, de décoration ou de peinture. 

Eugène Collinot, Bouteille, Paris, vers 1863, faïence, coll. Musée des arts décoratifs, Paris  ©beauxartséditions

Les populations occidentales furent envoutées par ces motifs colorés et s'enthousiasmèrent pour ce nouveau monde à portée de main. Il y eu de nombreuses manifestations artistiques et stylistiques grandioses. Par exemple, le 24 juin 1911, le couturier Paul Poiret orchestra une fête costumée mémorable dans un décor semblable au Palais d'Aladin. Et de mai à août 1917, le Pavillon de Marsan organisa une magnifique exposition sur les arts marocains. 

Collier "hindou", Cartier Paris, 1963, platine, or, diamant, saphirs, émeraudes, rubis, Collection Cartier ©artetdecouvertesbyanna

La maison Cartier va donc s'approprier ce style oriental et créer des bijoux inspirés des motifs phares des arts de l'islam. Parmi ceux-ci, on retrouve le boteh, l'arabesque, les étoiles, le fleuron, le cintamani, les palmettes et la mandorle. Le boteh est une forme d'amande avec l'extrémité du haut incurvée d'un coté afin de donner la vision d'une goutte d'eau ou d'une feuille. L'arabesque est fondée sur la répétition d'élément végétaux visant à compléter les espaces manquants. Les étoiles à 6, 8, 12 branches et parfois plus, sont des motifs centraux qui sont le résultat de traçage géométrique. Le fleuron est composé d'un corps évasé dont les deux extrémités sont terminées par deux ailettes. Le cintamani représente 3 cercles disposés en triangle, chacun contenant un autre cercle plus petit. Les palmettes sont nommées ainsi pour leur ressemblance avec les feuilles de palmier, c'est un motif ornemental commun. Enfin, la mandorle est un motif autonome et centré pouvant être circulaire, elliptique ou polylobé. On les retrouvera sur de nombreux supports.

Devant de corsage, Cartier Paris, commande de 1907, platine, diamants, saphirs, Collection Cartier  ©artetdecouvertesbyanna

Evidemment, l'exposition porte le nom de Cartier et présente donc des bijoux, tous plus beaux les uns que les autres. La deuxième partie de la visite, située dans la deuxième galerie, porte en majorité sur la réalisation. Cartier conserve dans ses archives un riche fond de dessins et cahiers d'études. Malheureusement, il est impossible de savoir par qui ces dessins furent réalisés. Mais on peut citer Charles Jacqueau qui travailla longtemps avec Louis Cartier. 

Diadème, Cartier Londres, commande de 1936, platine, turquoises, diamants, Collection Cartier ©artetdecouvertesbyanna

L'association de ces deux mondes que sont les arts de l'islam et la joaillerie forme un résultat minutieux que l'on peut aujourd'hui observer derrière les vitrines de l'exposition.  Les pièces présentées sont vraiment incroyables. On y découvre comment la maison de joaillerie a su s'inspirer et utiliser ces formes et motifs. Je regrette simplement de ne pas avoir vu davantage d'objets islamiques présentés avec les oeuvres de Cartier. Une salle seulement leur est destinée. 

Projection de motifs

Les arts de l'Islam sont sous-représentés dans le domaine artistique en France. Donc voir une si grande exposition qui leur est consacrée est une opportunité à ne pas manquer. Cela permet également à Cartier de pouvoir montrer au grand public son savoir-faire. 

J'ai réellement trouvé cette visite incroyable, les pièces étaient superbes et m'ont permis de connaître encore mieux cette autre facette de l'art. Si vous êtes curieux de découvrir de nouvelles choses, je vous conseille vivement de vous y rendre! 

Le plein tarif est à 14 euros, le tarif réduit à 10 euros et la gratuité est accessible notamment aux mineurs, aux demandeurs d'emploi et aux personnes en situation de handicap. N'hésitez pas à vous renseigner sur le site internet. Jusqu'au 20 fevrier 2022!