Vue intérieure sur la coupole ©Art et découvertes by Anna |
Une fois à l'intérieur, on ne prend pas immédiatement la mesure de l'ampleur du bâtiment. Pour cela, il faut se rendre au centre de la pièce principale, sous la grande coupole. Comme dans les cathédrales et les églises, c'est là que je me rends compte de la prouesse architecturale réalisée. Celle-ci fut construite durant les années 1780 afin de palier au manque de place de stockage dans les anciennes halles aux blés qui se trouvaient ici. Cela en fit l'un des bâtiments les plus originaux de la capitale.
La fresque de la coupole ©Art et découvertes by Anna |
Le plus impressionnant dans la coupole est la grande fresque qui fait le tour de l'intérieur de la structure. Elle fut réalisé par Alexis-Joseph Mazerolle. Il représentera les diverses formes de commerces dans le monde. La peinture sera achevée à la fin des années 1780. Le sommet étant fait de verre, la lumière entre en abondance dans le bâtiment pour sublimer l'ensemble, permettant ainsi d'apprécier au mieux cette incroyable oeuvre d'art. Les chiffres de cette coupole parlent d'aux-mêmes : 45 mètres d'envergure, 60 mètres de hauteur et 780m2 de vitrage, soit quelques 2000 vitres. Le tout est fait de manière si ingénieuse que j'ai le sentiment d'être en plein air. La fresque mesure presque 1400m2. Une réalisation incroyable.
Untitled, Réalisation d'Urs Fischer ©Art et découvertes by Anna |
Lors de ma visite, l'exposition phare de la Pinault Collection présentait les réalisations d'Urs Fischer. Cet artiste-peintre suisse à notamment réalisé grandeur nature une statue antique et différents types de chaises... mais avec particularité unique : leur matière. L'artiste à utilisé une cire pigmentaire transformant ses oeuvres en bougies géantes au rendu particulièrement réaliste. Le premier jour de l'exposition les bougies furent allumées afin de se consumer naturellement devant les yeux des spectateurs tout au long de la durée de l'exposition. Ce qui semblait solide et de nature pérenne se retrouve à littéralement fondre et devenir instable sous nos yeux.
©Art et découvertes by Anna |
Je ne suis pas une grande fan de l'art contemporain. Mais en me retrouvant devant les oeuvres d'Urs Fischer, je me suis laissée prendre au jeu. Cherchant les différentes mèches allumées et regardant les nouvelles formes crées par la cire en train de fondre, je suis séduite par l'idée d'une oeuvre qui évolue. Il est difficile d'imaginer quel sera leur état à la fin de l'exposition.
Résidu en cire de Untitled ©Art et découvertes by Anna |
Au sien de la Collection nous retrouvons également d'autres icônes de l'art contemporain. Au premier étage, on peut observer de nombreuses photographies. Réalisées entre 1970 et 1990 par différents artistes, elles témoignent de démarches engagées et militantes liées aux questions de genre, d'identité et de sexualité. En entrant dans la pièce je suis tombée directement sur un grand mur recouvert de photographies réalisées par Michel Journiac. Il s'agit de l'oeuvre 24 heures dans la vie d'une femme. Le modèle que je croyais être une femme était en réalité un homme. Je fus à la fois surprise et intriguée. Cette série m'a beaucoup touchée car elle fait réfléchir à la condition des femmes dans la vie quotidienne. Le fait d'avoir un modèle masculin rend l'image encore plus intrigante. Ce pamphlet contre le patriarcat vient renforcer un sujet qui, aujourd'hui, est plus que d'actualité.
Michel Journiac, 24 heures dans la vie d'une femme ©Art et découvertes by Anna |
Une autre oeuvre qui m'a beaucoup marquée est celle de Louise Lawler, Helms Amendment. Cette série de photographies cache bien son sens. Je faisais face à des dizaines de photographies de gobelets en plastique. Je remarquais ensuite sous chaque photo des noms, qui m'étaient inconnus, ainsi que les initiales des états américains. C'est n'est que plus tard, au détour d'un article, que j'ai appris que ces photos représentaient les 94 sénateurs americains qui s'étaient opposés à la prévention contre le sida au Etats-Unis en 1987. Seul 2 sénateurs y étaient favorables. On pourrait encore se demander pourquoi des gobelets. Faut-il y voir une métaphore de la manière dont l'artiste considère les sénateur, bon a jeter à la poubelle, ou bien est-ce autre chose? Mais finalement, ces gobelets sont la représentation des malades puisque ils représentent les gobelets dans lequels on donnait les medicaments aux malades. C'est ainsi que l'on peut se rendre compte de la puissance de l'art. Ce sont simplement des photographies identiques, 94 fois la même, mais c'est le message et la manière dont il est transmis qui vous frappe.
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Louise Lawler, Helms Amendment ©DR Louise Lawler / Pinault Collection |
J'ai vraiment été très intéressée par cette visite. Contrairement aux périodes de l'Antiquité ou de la Renaissance où les arts étaient codifiés, l'art contemporain s'est ouvert sur un monde de liberté permettant aux artistes de tout faire. Avoir rendu à un vieux bâtiment parisien son aspect antérieur tout en lui donnant un aspect plus contemporain est selon moi une magnifique réalisation. L'exposition centrale de Urs Fischer est également une immense réussite. L'idée de conjuguer l'art, qui d'ordinaire est figé, à un matériau qui évolue aléatoirement permet de donner vie aux oeuvres. On voudrait presque revenir à la fin de l'exposition pour voir si on peut encore en distinguer les formes premières.
Je vous recommande sincèrement la Pinault Collection. Idéalement située et offrant un spectacle remarquable, elle convient à tout type de public. L'entrée plein tarif est à 14 euros, ce qui reste très raisonnable pour un musée privé. Le tarif réduit est à 10 euros et la gratuité est disponible pour les mineurs et certaines catégories de visiteurs. Je vous conseille de prendre les billets en ligne avant de vous rendre sur place afin de ne pas faire la queue. Bonne visite!
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