Portrait d'Albrecht Dürer tenant un chardon ©DR Musée du Louvre |
C'est à la Renaissance que l'artiste commence a revendiquer son statut "d'artiste" et se détache du simple "artisan". Il va commencer à signer des oeuvres et son nom va petit à petit prendre de la valeur. C'est au Louvre que s'est déroulée cette exposition mettant en avant l'artiste face à son oeuvre. L'exposition replace l'artiste au centre de son art, montre son visage au visiteurs, nous le fait connaitre au travers de ses propres oeuvres. En continuité avec les expositions sur les génies de la Renaissance, Leonard de Vinci, Michel-Ange et Donatello, la Petite Galerie du musée a ouvert ses portes au public pour sa cinquième saison. Une occasion de se pencher un peu plus sur ces grands hommes et femmes qui ont fait l'Histoire de l'art.
Stèle égyptienne représentant de travail de l'artisan ©DR Musée du Louvre |
L'exposition se déroule autour de 5 thèmes différents : la signature, l'autoportrait, les vies, l'Académie, et le salon.
Les premières oeuvres que j'ai pu voir en arrivant datent de l'Antiquité. A cette époque les grecs et romains ne différenciaient pas les artistes des artisans. Les deux relevaient des arts mécaniques ou manuels que l'on exerçait dans un atelier. Pourtant, certains "artistes" apposaient déjà leur nom sur leurs réalisations. Ceci a permis aux historiens de l'art de pouvoir les identifier ainsi que leurs caractéristiques techniques et artistiques. Ces signatures pouvaient également attester de la notoriété d'un atelier et de celui qui le dirigeait permettant ainsi également d'en valoriser les créations. Sur la photos ci-dessus, nous pouvons observer un cas unique en Egypte antique : un artisan a représenté sur une stèle l'intégralité de son travail et de ses compétences.
Mme Vigée Le Brun et sa fille ©DR Musée du Louvre |
L'autoportrait, c'est le tableau par excellence de l'artiste. La plus forte représentation de lui-même. A la Renaissance les peintres cherchaient pleinement à s'émanciper de leur statut d'artisan. Pour cela, ils vont cultiver le genre de l'autoportrait. En se mettant ainsi en scène le peintre se place à l'égal des princes. Il va rivaliser avec les arts de la littérature et s'imposer ainsi dans le monde artistique. L'autoportrait ci-dessus représentant Mme Vigée Le Brun et sa fille met en avant aussi bien la figure de l'artiste peintre, ici femme, que celle de l'enfant et du sentiment maternel. Ici, Vigée Le Brun montre ses talents pour retranscrire les émotions et affirme son statut de portraitiste. Son incroyable travail lui permettra de vivre de son art au travers d'une carrière remarquable qui fit d'elle l'une des plus grandes femmes académiciennes.
Cinq maîtres de la Renaissance florentine ©DR Musée du Louvre |
Giorgio Vasari, est considéré comme le premier historien de l'art. Dans son plus grand ouvrage, Les vies des plus excellents architectes peintres et sculpteurs, dont la première édition fut publiée en 1550 et la seconde en 1568, il a illustré les plus grands artistes de son temps. Ceux qu'il citera deviendront des modèles à imiter au cours des siècles suivants. Des biographies d'artistes vont apparaitre et légitimer leur génie. La toile ci-dessus fut réalisée par un peintre anonyme actif en Italie au XVI ème siècle. Y sont représentés Gitto, Paolo Ucello, Donatello, Manetti et Brunelleschi. Tous sont des artistes exceptionnels. Tout comme Vasari, il célèbre ainsi des figures novatrices de la Renaissance florentine méritant la reconnaissance de la cité pour avoir fait progresser les arts. La ville de Florence, constatant son impuissance face à la monté des artistes, finira par devenir leur mécène et leur assurer un rayonnement qui fera sa gloire en Europe.
Charles X distribuant des récompenses ©DR Musée du Louvre |
Créée en 1648, l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture est placée sous la protection du Roi Louis XIV. Conservant des portraits et autoportraits d'artistes, elle leur permet également de s'affranchir de la tutelle de la Corporation des métiers qui les enferme dans un système de hiérarchisation. L'académie va élever la sculpture et la peinture au rang des arts nobles, dits "arts libéraux". Aux XVIIe et XVIIIe siècle une quinzaine de femme y seront également reçues pour leurs travaux.
A partir de 1793, L'Académie Royale de Peinture deviendra l'Académie des Beaux-arts. Elle conservera par la suite son influence sur la France. Elle organisera des salons afin de présenter les nouvelles oeuvres de ses exposants. Ils se tiennent régulièrement dans le salon carré du Louvre, d'où leur nom de "salon". Ils favoriseront l'apparition de la critique d'art et contribueront au développement des commandes ainsi qu'à la notoriété des artistes. Sur la peinture ci-dessus, nous pouvons voir le commanditaire du tableau, Charles X, distribuant des récompenses aux différents artistes lors du salon de 1824.
Mais malgré l'apparition de nouveaux artistes et le grand succès des salons notamment au XIX ème, le nombre de "refusés" reste considérable. Ce qui amènera la création du "Salon de Refusés", crée en 1868, notamment suite au rejet des oeuvres de Gustave Courbet. C'est. Napoleon III qui ordonnera sa création officielle afin de permettre au public de voir ces oeuvres rejetées par le jury.
Buste de Charles Le Brun ©DR Musée du Louvre |
Cette exposition sur les figures d'artistes fut pour moi d'un réel intérêt, notamment car elle s'inscrit dans le prolongement de l'exposition sur les Peintres femmes dont je vous ai parlé précédemment. On y découvre un aspect plus développé du genre de l'autoportrait, sur une échelle de temps beaucoup plus large que lors de l'exposition au Musée du Luxembourg qui ne présentait des tableaux que sur 50 années. Ici nous avons vu des oeuvres de l'Antiquité à la Restauration de la monarchie en France. Même si cette exposition se visite rapidement, elle m'a tout de même permis d'avoir un aperçu global et complet de la figure de l'artiste dans l'histoire de l'art.
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